Gestion Durable Des Ressources Naturelles
Par des projets de Gestion Sociale et rationnelle de l’eau ►►►►►►►
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Avec des Mesures de Restauration des Sols ►►►►►►►
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La gestion durable des ressources naturelles et avant tout un engagement avec les communautés agricoles et rurales comme le montre la déclaration des communautés d’agriculteurs et pécheurs réunis à Rio Branco au Brésil lors d’un processus de dialogue que j’ai eu a coorganiser.
L’ENGAGEMENT DE RIO BRANCO AU BRESIL
POUR L’AGROBIOIVERSITE
A la suite du PROJET GROWING DIVERSITY
Nous, plus de 100 représentants d’agriculteurs, de pêcheurs, de collecteurs extractivistes, d’artisans, de peuples autochtones et d’ONG de 32 pays, réunis à Rio Branco, Acre, Brésil, à l’Atelier International “Growing Diversity” du 9 au 19 Mai 2002, avons décidé de faire la déclaration suivante :
- Considérant que la biodiversité est un héritage inestimable qui est en train d’être détruit à un rythme sans précédent,
- Rappelant à chacun, que le modèle dominant de développement, conduit par la libéralisation économique ainsi que le contrôle de monopoles, est la principale cause de la détérioration de la diversité biologique, qu’il renforce les inégalités sociales à travers le monde et sape la souveraineté des états nations à prendre soin de leur peuple,
- Conscients et fiers du rôle fondamental des communautés locales et de leurs connaissances traditionnelles pour la conservation et la gestion de la diversité biologique dans le passé, le présent et le futur,
- Conscients que les compagnies multinationales deviennent plus riches et encore plus puissantes en s’assurant des brevets et d’autres formes de droits de propriété intellectuelle sur nos ressources biologiques, au détriment des droits inaliénables de nos communautés locales,
- Aussi conscients que la majorité des agriculteurs dans le monde sont des femmes et qu’elles forment le groupe le plus vulnérable à être affecté par la destruction de la biodiversité et de leurs moyens d’existence,
- Considérant que la biodiversité de beaucoup de nos communautés est liée intimement, et fait intégralement partie, de nos cultures, nos religions, notre spiritualité, et par conséquent ne peut être traité comme une simple marchandise qui peut être achetée, vendue ou gaspillée,
NOUS DECLARONS
- Que les communautés locales et les peuples autochtones sont les gardiens de la biodiversité et qu’ils ont le droit inaliénable et la responsabilité de continuer à gérer, à conserver et à échanger et à accroître la biodiversité, par de là de tout intérêt commercial ou autre intérêt,
- De manière similaire nous considérons la souveraineté alimentaire -c’est-à-dire le droit des peuples à une alimentation suffisante, saine, à tout moment- comme un principe central qui ne devrait pas être soumis à d’autres intérêts et considérations,
- Nous rejetons la pression actuelle vers la mondialisation, qui est conduite de manière prédominante par des intérêts commerciaux et mine nos cultures et notre capacité de subvenir et de contrôler nos moyens d’existence,
- Nous rejetons le modèle de développement destructeur et dépassé qui détruit la biodiversité et les moyens d’existence des communautés locales, comme les projets de grands barrages, les projets miniers et pétroliers inconsidérés et l’extraction destructive du bois,
- L’instabilité politique et la guerre dans plusieurs régions du monde sont une cause majeure de la destruction de la biodiversité puisqu’elles déracinent les gens, tuent des communautés et détruisent les connaissances locales et les coutumes. Cette instabilité et ces guerres sont généralement causées par des intérêts étrangers à ces communautés,
- Nous rejetons le paquet technologique de la Révolution Verte et des technologies similaires qui nous sont imposés, entre autres les semences hybrides, les fertilisants et les pesticides chimiques, ainsi qu’une mécanisation aux formes inappropriées,
- Nous déclarons tout spécialement notre opposition frontale aux OGM puisqu’ils sont une menace pour notre agriculture, nos animaux, notre santé et notre environnement,
- Nous rejetons la bio-piraterie et le brevetage de nos produits et connaissances car cela va à l’encontre de notre diversité biologique et notre identité culturelle. Nous refusons en particulier le brevetage des organismes vivants,
- Nous rejetons la privatisation des ressources en eau parce que c’est un bien commun, une propriété collective et la source de toute forme de vie,
- Nous attirons l’attention sur la destruction et la pollution des ressources aquatiques causées par la pêche industrielle et d’autres intérêts commerciaux qui minent les moyens d’existence des communautés locales de pêcheurs.
- Nous notons aussi que les forêts du monde et leurs habitants sont des systèmes vivants, et une partie inhérente de la vie sur Terre. Cependant ces forêts sont éclaircies à cause d’intérêts commerciaux qui détruisent alors une quantité considérable de biodiversité et sapent les bases de nos réelles possibilités de survie,
- Nous reconnaissons tout spécialement l’importance des forêts sacrées dans les coutumes, les croyances et modes de vie de nombreuses communautés locales et nous les considérons comme d’importants sanctuaires de la biodiversité,
- Nous dénonçons le fait que les terres sont de plus en plus prises aux petits paysans et à la production alimentaire, pour finir dans les mains de quelques grands propriétaires qui les utilisent pour produire des produits d’exportation. C’est une cause majeure de destruction de la biodiversité agricole et nous demandons la mise en œuvre effective des réformes agraires qui rendent la terre aux petits paysans pour la production de nourriture,
- Nous reconnaissons en particulier le droit des peuples autochtones sur leurs territoires et nous demandons la mise en œuvre immédiate de la Convention 169 de l’Organisation Internationale du Travail sur les droits des peuples autochtones,
NOUS PROPOSONS
- Que les systèmes de production intégrés, basés sur la biodiversité sous le contrôle local des communautés soit adoptés et promus comme le mode de production agricole principal,
- Ces systèmes devraient garantir, autant que possible, le contrôle des communautés locales sur la production, la transformation et la commercialisation des produits agricoles et des produits forestiers non ligneux,
- Nos gouvernements ont une responsabilité centrale pour développer et mettre en œuvre des politiques, législations et systèmes de recherche pour réaliser ces objectifs. Pour y parvenir, les politiques actuelles doivent être réorientées vers une approche intégrale du développement, et la promotion du contrôle local sur les ressources et une participation active des communautés dans la prise de décision,
- La recherche scientifique devrait être basée sur les problèmes que rencontrent les agriculteurs et les communautés locales, prendre en compte et respecter les connaissances locales. Les scientifiques devraient être tenus responsables des conséquences générées par les applications pratiques de la Science,
- Les inquiétudes sur la sécurité alimentaire et l’environnement doivent primer sur les intérêts du commerce international. L’Organisation Mondiale du Commerce n’est pas le lieu pour prendre des décisions sur ces sujets. Les accords bilatéraux et régionaux ne devraient pas non plus affecter la gestion locale de la biodiversité,
- Nous demandons à nos gouvernements d’assurer un environnement sans OGM dans nos pays et dans nos systèmes agraires, et de soutenir nos efforts pour accroître l’information chez nos paysans et consommateurs sur le réel et le potentiel impact des OGM sur l’environnement et sur la santé humaine,
- Nous demandons aussi l’interdiction totale des brevets sur les organismes vivants ainsi que l’utilisation de tout droit de propriété intellectuelle sur la biodiversité et les connaissances traditionnelles. Nous voulons voir le renforcement des droits des agriculteurs et des communautés dans tous les accords internationaux concernés, ainsi qu’au niveau national, pour assurer que les agriculteurs et les communautés locales pourront continuer à sauvegarder, à échanger et à développer plus encore la biodiversité,
- Nous demandons que notre système d’enseignement soit réorienté et suffisamment financé pour enseigner à nos enfants la compréhension et le respect des connaissances traditionnelles, ainsi que la gestion locale de la biodiversité,
- Les institutions de recherche agricole actuelles, nationales et internationales, devraient être radicalement restructurées pour promouvoir et soutenir une agriculture basée sur la biodiversité, plutôt que de la miner. Nous pensons qu’une recherche conduite localement, par et avec les agriculteurs, en partenariat lorsque nécessaire avec les scientifiques, est la meilleure façon de conduire cette recherche,
- De la même manière, les pratiques et les politiques destructives actuelles dans le domaine de la pêche et de la gestion des forêts, doivent être arrêtées et réorientées vers une gestion durable des ressources de la forêt et de la pêche,
- Les sites sacrés devraient être respectés et protégés par des accords internationaux, comme par les législations nationales et être pris en compte dans les politiques de développement nationales et régionales
- Résoudre par des actions et des réglementations, les problèmes que rencontrent les femmes, dans différentes régions du monde, et qui concernent la discrimination du genre. La question du genre devrait être incluse dans tous les programmes d’éducation et de développement et devrait être discuté à la fois avec les hommes et les
NOUS NOUS ENGAGEONS:
A réaliser la diversification de nos cultures et à promouvoir activement dans nos communautés et organisations, des systèmes agricoles diversifiés et intégrés, basés sur la biodiversité. L’utilisation des variétés locales et traditionnelles devrait être promue,
- A exercer une pression politique pour promouvoir des politiques publiques qui prennent en compte les intérêts des petits agriculteurs et en mettant au centre la promotion de la biodiversité,
- A renforcer nos efforts et campagnes pour arrêter le brevet des organismes vivants et de lutter pour un environnement sans OGM,
- A protéger et enrichir nos connaissances locales et à organiser localement des échanges de semences,
- A renforcer le rôle des femmes dans la conservation de la biodiversité agricole et à doter leur organisation de plus de pouvoir à tous les niveaux,
- A organiser les mouvements de la société civile. Avec peu ou aucune aide des gouvernements, les initiatives locales pour protéger la biodiversité sont nécessaires,
- A établir un échange effectif et un flux d’information entre nous pour coordonner des actions et des campagnes futures contre les menaces envers la biodiversité,
- A demander aux gouvernements et aux agences d’aide de réorienter leur programme d’aide de manière à ne pas interférer avec les initiatives locales de conservation et de gestion des ressources,
- A penser globalement tout en agissant
Enrichis et vitalisés par nos luttes individuelles et collectives pour la gestion locale de la biodiversité agricole, nous nous engageons dans cette promesse de conservation et d’utilisation durable de la biodiversité agricole. En cela, nous nous promettons les uns les autres, d’être généreux comme la Terre, forts comme le Vent, transparents comme l’Eau, et aussi lointains et proches que le Soleil.
Et avant de retourner dans nos pays, et en gage de notre promesse, aujourd’hui, dans un esprit d’amitié, nous échangeons la vie, nous échangeons nos semences de connaissances et notre sagesse, transmises de générations en générations.
Adoptés à Rio Branco, le 19 mai 2002